Un collectif néerlandais va obtenir un référendum consultatif sur la question de l’Ukraine. Si #Geenpeil s’en prend à l’accord d’association de l’Union Européenne avec ce pays, il dénonce surtout le manque de démocratie et la volonté d’expansion.
Le leader du parti démocrate D66 Alexander Pechtold, grand partisan du principe du referendum, en voit de toutes les couleurs sur le blog GeenStijl. Le reproche : si c’est entre autre lui qui a élaboré une loi qui, depuis 1er juillet dernier, permet de lancer une telle initiative, il refuse de signer celle proposée par #geenpeil. Les 451 666 signataires – une demi fois plus que les 300 000 requis, soit une marge d’erreur de 50% à l’heure de la validation – ont reçu des remerciements sur leur écran pour ‘avoir rendu Alexander Pechtold très triste’.
#Geenpeil est un collectif formé du blog anti-elite GeenStijl, appartenant au Telegraaf Media Groep, le think thank Forum voor de Démocratie et le Burgercomité EU. Le hashtag est de circonstance : c’est surtout par internet et les médias sociaux que la campagne a été mené, les signatures ont été obtenus par internet – quelques milliers obtenus par écrit doivent y être ajoutées. Les référendaires jugent le traité de collaboration politique et économique entre l’Union Européenne et l’Ukraine, qui doit entrer en vigueur en 2016, comme ‘une perte de la démocratie de l’Union’, en mettant le doigt sur la volonté d’expansion qui l’approche de la Russie. ‘Il s’agit d’un premier pas vers une adhésion à l’EU d’un pays corrompu et en guerre’, selon les initiants. Tout en n’oubliant pas l’émotion de l’été 2014, lorsque 200 néerlandais avaientt perdu la vie dans un accident d’avion causé par un missile probablement pro-russe…
Les politiciens néerlandais réagissent de façon diverse au référendum annoncé. Certains, Alexander Pechtold en tête, mais également les partis gouvernementales, n’ont pas tenu à soutenir l’initiative, jugeant les questions géo-politiques ‘trop compliquées pour soumettre au peuple’. Un membre du parti libéral (parti du pouvoir) l’a même qualifié de ‘bricolage démocratique’. Rhétorique qui fait l’affaire du blog GeenStijl, qui se veut ‘tendancieux, infondé et provocateur’ comme le titre son site, et qui sait efficacement jouer sur l’ironie et le cynisme. Par contre, le leader du parti anti-Européen Geert Wilders et le parti socialiste ont apposé leur soutien.
La politique a beaucoup à perdre dans l’aventure. Rappelons qu’en 2005, le peuple néerlandais avait dit non à 62% lors d’un référendum consultatif sur le traité de Lisbonne que le gouvernement avait lui-même proposé (tout comme cela s’était fait en France à l’époque) avant d’en ignorer le résultat. Et même si l’on en est pas encore là – il faut un taux de participation de 30% -, un ‘non’ au traité ukrainien mettrait le premier ministre Mark Rutte dans l’embarras, lui qui doit encore ratifier l’accord (ce même si le parlement l’a accepté). Non seulement il se trouverait isolé au sein des 28, mais le référendum aura lieu ce printemps, soit au moment qu’il présidera l’Union…
les initateurs de #Geenpeil – qui ont annoncé faire campagne ni pour oui ou pour un non – ont déjà atteint leur but: faire réfléchir au fonctionnement d’une Union Européenne (trop ?) grande, (trop?) diverse, dont l’expansion économique n’est pas suivi par sa politique. Les décisions sont trop lentes – pourquoi chaque paquet de sauvetage grec doit-il passer par les parlements des 21 pays de la zone Euro ? Peut-être que le problème se situe dans le fait qu’il n’est qu’une institution, pas un pays comme les Etats-Unis ou la Russie auquels il veut faire face…
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